Accueil > Sur la piste du loup > L’homme, ce mâle dominant
L’éditorial de Pascal Coquis
L’homme, ce mâle dominant
Dans les DNA du 31 janvier 2013
jeudi 31 janvier 2013
Pour nos sociétés urbanisées, le loup est un point de mémoire comme il peut y avoir des points de côté. Une bravade de la nature que l’on croyait avoir ici maîtrisée, domestiquée et qui se rebiffe dès que l’on a le dos tourné.
Le retour de la bête fantasmagorique sur ces territoires, qui étaient les siens pendant des siècles, ne fait pas seulement resurgir des cauchemars ancestraux peuplés de chaperons rouges déchiquetés et de créatures diaboliques écumant les sous-bois. Il résonne aussi comme un insupportable défi à l’homme, ce mâle dominant qui a consciencieusement travaillé à éliminer toute concurrence pour faire de son environnement un lieu d’agrément.
Façon comme une autre de rompre le lien primaire qui l’unissait au monde sauvage. De fait, rien ne doit résister à notre idéal régulateur. Que ce soit le loup, le castor, le lynx, la buse commune ou le placide grand hamster, l’animal ne doit être qu’ornement.
Freud appelait ça l’égoïsme de l’humanité.
Reste qu’au-delà du strict et confortable débat philosophique demeure la question de fond : comment concilier deux réalités contradictoires ? Comment accepter la présence d’un prédateur dans un environnement colonisé par les animaux domestiques ? Comment permettre aux éleveurs de montagne déjà en situation délicate de survivre économiquement avec une telle menace autour d’eux ? Comment lutter contre la désertification rurale et conserver des paysages ouverts si on en exclut les activités humaines ?
Même si elle ne va pas de soi, la cohabitation avec l’un des derniers prédateurs de notre monde est pourtant possible. À condition de repenser notre rapport à la nature et de lui faire quelques concessions, ce qui n’est malheureusement pas le sens de la proposition de loi adoptée hier soir au Sénat.
En Espagne, en Italie ou en Suisse, les loups et les ours côtoient les hommes depuis des siècles au sein d’espaces redéfinis et sans heurts majeurs. Ce doit être aussi possible chez nous.
Abonnement aux infos
Sur Facebook
Dans la même rubrique
- Le loup et les activités d’élevage : comparaison européenne dans le cadre du plan national d’actions 2018/2023.
- Non au loup !
- Seul avec les loups
- Pour en finir avec les contre-vérités sur le pastoralisme et sur la chasse
- Comprendre et gérer la proximité loups/humains
- WOLVES.FR
- Comprendre le Loup réel et adopter les mesures de protection
- Comment revoir, grâce aux loups, notre conception du partage ?
- Le loup comme animal totem
- Le loup remet en question notre modèle de souveraineté humaine